Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides - CNRS - Centre national de la recherche scientifique Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Enfances, Familles, Générations Année : 2019

Between denial and recognition: the child's body in judicial infanticide proceedings

Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides

Résumé

Research framework: A retrospective research conducted in France on the suspicious deaths of children under 12 months of age enabled to create two databases: one of judicial data, the other of press articles. The analysis of those data led to several publications specifying the psychosocial factors of infanticide and characterizing how the police, justice and media deal with those homicides. Objectives: The study focuses on the place given to the body of the deceased child in the infanticide judicial process to identify the concepts of child which underlie the testimonies and practices of the various protagonists (parents, accusation, witnesses, police and justice agents). Methodology: The analysis is based on textual data extracted from judicial files and press articles. It draws a comparison between infanticide cases that are similar in regard to incriminated acts yet different in the way they were dealt with by the police or the media thus presenting heterogeneous judicial conclusions. Results: The body of the deceased child is considered a body object as opposed to a body subject. This body object is used by the various protagonists/participants in the procedure, with a view, conscious or not, to influence the judicial decision. He is then a political body subject to the rivalry of different legitimacy. Conclusions: Various factors contribute to the objectification and instrumentalization of the body: death (which facilitates the conception of a body/corpse as an object), the lack of social recognition of the child due to their young age, the idea that a child belongs to their parents. The concept of child as a person in their own right remains undefined. Contribution: Those infanticide cases lead to question the concept of child as a person. It appears that both conceptions coexist: a child is a person from birth or it is not quite a person before it has been named, developed social relationships and not had a public and social existence.
Cadre de la recherche: une recherche rétrospective sur les morts suspectes d’enfants de moins d’un an réalisée en France a permis de constituer deux bases de données, une base de données judiciaires et une base d’articles de presse. L’analyse de ces données a donné lieu à plusieurs publications qui précisent les déterminants psychosociaux des infanticides et caractérisent le traitement des institutions de la police, de la justice et de la presse vis-à-vis de ces homicides. Objectifs : Il s’agit d’étudier quelle place est réservée au corps de l’enfant décédé dans ces procédures d’infanticides et d’en inférer les conceptions de l’enfant qui sous-tendent les discours et les pratiques des différents acteurs (parents, mis en cause, témoins, acteurs de la police et de la justice). Méthodologie : L’analyse porte sur des données textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incriminés, mais aux traitements judiciaires et médiatiques contrastés et présentant des conclusions judiciaires hétérogènes. Résultats : Le corps de l’enfant décédé est considéré comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet est instrumentalisé par les différents acteurs de la procédure dans la perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est alors corps politique soumis aux rivalités de différentes légitimités. Conclusions : Plusieurs facteurs contribuent à ce que le corps de l’enfant décédé soit objectalisé et instrumentalisé : la mort, qui en elle-même favorise une conception du corps comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui résulte de leur jeune âge, l’idée que les enfants appartiennent aux parents. La conception de l’enfant comme personne apparaît incertaine. Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne dès sa naissance, l’enfant n’est pas tout à fait une personne tant qu’il n’a pas été prénommé, n’a pas développé de relations, n’a pas eu une existence sociale et publique.

Dates et versions

hal-03480116 , version 1 (14-12-2021)

Identifiants

Citer

Natacha Vellut. Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides. Enfances, Familles, Générations, 2019, Le corps politique de l'enfant : Dispositifs de recherche, dispositifs d'intervention, 33, ⟨10.7202/1067810ar⟩. ⟨hal-03480116⟩
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