Agir sur les gènes, est-ce suffisant ? - CNRS - Centre national de la recherche scientifique Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Archives de philosophie du droit Année : 2017

Is it Enough to Treat Genes?

Agir sur les gènes, est-ce suffisant ?

Résumé

Genetics is a science that has been constituted for action, and whose legitimacy has been largely built by action, in applied contexts. In Man, however, the utility of this knowledge for action makes resistance. Projects of direct DNA modification by gene therapy are complex to master outside a few specific situations. If the a priori quantification of the effect of genes on a human character is impossible, a measure - heritability - is stirring up trouble. Developed by eugenic scientists, it is most often misused to justify the importance of genes. It also contributes to spread the idea that inheritable biological effects and environmental effects act independently, simply cumulatively, even when all the results of biological research show otherwise. Indeed, the current identification of genetic variants associated with complex characters in humans is based on a statistical model embodying the same idea. Their difficulties in predicting morphological traits or complex illnesses largely reflect this excessive drop in complexity. Under these conditions, to act genetically ON the genes can’t be a strategy qualified as "sufficient", but the possibility to act WITH genes is itself extremely weakened and must be looked at on a case-by-case basis, with a concern to conduct rigorous cost/benefit assessments, taking into account the many social externalities of genetics.
La génétique est une science qui s’est constituée pour l’action, et dont la légitimité s’est largement construite par l’action, dans des contextes appliqués. Chez l’Homme, l’utilité de ce savoir pour l’action fait pourtant de la résistance. Les projets de modification directe de l’ADN par thérapie génétique se révèlent complexes à maîtriser en dehors de quelques situations particulières. Si la quantification a priori de l’effet des gènes sur un caractère humain est impossible, une mesure – l’héritabilité – sème le trouble. Développée par les scientifiques eugénistes, elle est le plus souvent utilisée à tort pour justifier de l’importance des gènes. Elle contribue en outre à diffuser l’idée que les effets biologiques héritables et les effets d’environnement agissent de façon indépendante, simplement cumulative, alors même que tous les résultats de recherches en biologie montrent le contraire. De fait, les identifications actuelles de variants génétiques associés aux caractères complexes chez l’Homme, reposent sur un modèle statistique incarnant cette même idée. Leurs difficultés à prédire les traits morphologiques ou les maladies complexes reflètent largement cette réduction excessive de complexité. Dans ces conditions, non seulement, agir SUR les gènes ne saurait être une stratégie pouvant être qualifiée de « suffisante », mais la possibilité d’agir AVEC les gènes est elle-même extrêmement fragilisée et doit être regardée au cas par cas, avec le souci de conduire des évaluations coûts/bénéfices rigoureuses, tenant compte des nombreuses externalités sociales de la génétique.
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Dates et versions

hal-03480063 , version 1 (14-12-2021)

Identifiants

Citer

Catherine Bourgain. Agir sur les gènes, est-ce suffisant ?. Archives de philosophie du droit, 2017, 59, pp.39-52. ⟨10.3917/apd.591.0076⟩. ⟨hal-03480063⟩
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