L’avance de la parole. Un outil relationnel
Résumé
Raising the issue of alcohol with the patient: a relational toolThe patient’s desire to seek medical attention in addiction me-dicine remains a controversial issue due to the clinician’s perso-nal and theoretical positioning, but also probably due to the geographical site of addiction medicine practice and the objec-tive of the meeting between the patient and the clinician. The meeting with the alcoholic patient generally induces a malaise attributed to the power of the representations of “alcoholics” shared by both the patient and the clinician. In order to de-crease this malaise related to the power and violence of these representations, clinicians must not wait for the patient to seek attention and, more importantly, they must modify their own representations by a process of personal analysis. After clearing the relational space, the clinician must explain how dependence can be considered to be an illness, but must also emphasize the individual sensitivity of each person in relation to alcohol, a substance initially considered by the patient to be a lifelong friend, but which, with time, has become a traitor, against which the patient and the clinician will join forces in the fight against alcohol. This approach contributes to strengthening the therapeutic alliance and restoring the “alcoholic” patient’s dignity, two factors that can contribute to the success of this long and difficult process.
La question de la demande en alcoologie continue d’être polémique, tenant à la fois au positionnement personnel et théorique du clinicien, mais aussi sans doute à son lieu d’exer-cice et à l’objectif visé de la rencontre entre le malade et le praticien. La rencontre avec le malade alcoolique engendre, chez la plupart des intervenants, un malaise attribué à la puissance des représentations de “l’alcoolique” partagées par le malade et l’intervenant. Afin de diminuer ce malaise lié à la puissance et à la violence des représentations, il est d’abord nécessaire que les intervenants n’attendent pas la demande et, surtout, revisitent voire modifient – si nécessaire – leurs pro-pres représentations au moyen d’un travail personnel. Une fois l’espace relationnel “déminé”, il convient que les intervenants expliquent en quoi la dépendance peut être appréhendée comme une maladie, mais aussi qu’ils insistent sur la sensibilité individuelle de chacun face à l’alcool, substance considérée au départ par le malade comme un ami de toujours, mais devenu au fil du temps un traître autour duquel le malade et l’intervenant vont se liguer pour le combattre. Cette approche contribue à renforcer l’alliance thérapeutique et à restaurer la dignité du malade “alcoolique”, autant de facteurs favorables à la réussite de ce parcours long et difficile