Les politiques de vaccination au Brésil : entre science, santé publique et contrôle social
Résumé
Cet article met en contraste l’histoire de la vaccination contre la variole au Brésil avec celle de la vaccination contre la fièvre jaune. Les premières tentatives d’imposer la vaccination antivariolique sont liées aux tentatives d’assainir, si nécessaire par la force, les quartiers populaires de Rio de Janeiro. Ces tentatives se sont heurtées à une résistance populaire qui a culminé avec la « révolte du vaccin » de 1904. Le succès de la campagne sanitaire d’Oswaldo Cruz (1903-1907) a considérablement augmenté le prestige de la santé publique au Brésil. Toutefois, des politiques sanitaires fondées sur le contrôle des populations ont continué à provoquer des réactions de résistance et de rejet. Ce ne fut pourtant pas le cas de la vaccination contre la fièvre jaune, commencée en 1938, qui fut acceptée avec bienveillance. Même les accidents de la vaccination n’ont pas diminué l’intérêt des Brésiliens pour cette démarche. Ce changement radical de l’attitude envers la vaccination entre 1904 et 1938 peut s’expliquer par le déplacement du but de l’intervention sanitaire de l’assainissement des espaces à la protection des individus à risque.