Pieve, paese è paisaghju. Une histoire spatiale de la plaine du Fretu et de l’Extrême-Sud de la Corse (XIIIe- XIXe siècles) - Lieux, Identités, eSpaces, Activités Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

Pieve, paese è paisaghju. A spatial history of the Fretu plain and the Extreme South of Corsica (13th-19th centuries)

Pieve, paese è paisaghju. Une histoire spatiale de la plaine du Fretu et de l’Extrême-Sud de la Corse (XIIIe- XIXe siècles)

Yannick Campion
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1200788
  • IdRef : 266344879

Résumé

Both isolated as an island and as a mountain, Corsica has certain advantages for those who would be in search of «non-modern» historical spatialities. Although geographically and culturally connected to the northern and central Italy, the island did not experience the demographic, economic, urban, and agricultural developments characteristic of the Renaissance. At the end of the Middle Ages, under the pressure of the Muslim raids, the ravages of malaria and the wars of the local lords, the Corsican communities gradually deserted the coastal plains to settle in middle mountain. Forced to practice a subsistence agropastoral economy, they then used the plains only as spaces of winter transhumance and slash and burn agriculture. Definitively conquered by Genoa at the beginning of the sixteenth century, the island was then imposed a series of agricultural policies aimed at putting the coastal plains into cultivation. Made possible by the foundation of coastal town (Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio), these agrarian projects, influenced by the Tuscan, Lombard and Ligurian paesaggi, failed for the most part, especially in the south of the island who remain a pastoral world. This situation led to the maintenance, during the modern era, of two social and spatial local constructions: the pieve and the paese. Vernacular, these forms of organization of space continued until the conquest of the island by France, on the eve of the French revolution. Halfway between the mountain villages of Alta Rocca and the Genoese citadel of Bonifacio, the Fretu has the particularity of having rarely been occupied as a territory or apprehended as a fixed and well-defined unit. As a poorly protected coastal region, it was mostly used simultaneously by competing peripheral communities (Bonifacio, Sartène, Alta-Rocca, Porto-Vecchio). Often marginal, sometimes disputed, this coastal plain has thus regularly played a role of boundary or border between several worlds. Moreover, if it was identified at certain moments in its history as the potential basis of a series of Genoese colonial agricultural projects (Figari, Porto-Vecchio), these enterprises had the common point of having all failed. From the point of view of the long-term history of space, this situation offers the advantage of having seen, in the same place, the aggregation, the confrontation and the intermingling of different social and spatial organizations. As such, the Fretu could be considered as a kind of laboratory of spatial diversity and hybridization. The goal of this work was therefore above all in the search for nuances and singularities relating to the rural context of the extreme south of Corsica, contrasted with the urban, agrarian, and commercial developments of central-southern Italy and France, here regularly thwarted.
Doublement isolée en tant qu’île-montagne, la Corse présente des avantages certains pour qui serait à la recherche de spatialités historiques « non-modernes ». Bien que géographiquement et culturellement rattachée au nord et au centre de la péninsule italienne, l’île ne connut pas les développements démographiques, économiques, urbains et agricoles caractéristiques de l’Italie communale et renaissante. A la fin du Moyen-Âge, sous la pression des raids barbaresques, face aux ravages de la malaria et à ceux des guerres répétées des seigneurs locaux, les communautés corses désertèrent peu à peu les plaines côtières pour se fixer en moyenne montagne. Pratiquant une économie agro-pastorale de subsistance, elles n’utilisèrent alors les plaines que comme des espaces de transhumances hivernales et de cultures de céréales sur brûlis. Définitivement conquise par Gênes au début du XVIe siècle, l’île se vit alors imposer une série de politiques agricoles visant à mettre les plaines littorales en cultures. Rendus possibles par la fondation de bourgs côtiers (Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio), ces projets agraires, influencés par les paesaggi toscans, lombards et ligures, échouèrent pour la plupart, notamment dans le Sud de l’île, monde pastoral par excellence. Cette situation conduisit au maintien, durant l’époque moderne, de deux constructions sociales et spatiales insulaires : la pieve et le paese. Vernaculaires, ces formes d’organisation de l’espace perdurèrent jusqu’à la conquête de l’île par la France, à la veille de la révolution française. A mi-chemin des villages montagnards d’Alta Rocca et de la citadelle génoise de Bonifacio, le Fretu a la particularité d’avoir rarement été occupé comme un territoire à part entière ni appréhendé comme une unité fixe et bien définie. Pays côtier mal protégé, il fut la plupart du temps utilisé simultanément par des communautés périphériques concurrentes (Bonifacio, Sartenais, Alta-Rocca, Porto-Vecchio). Souvent marginale, parfois disputée, cette plaine littorale a ainsi régulièrement joué un rôle de limite ou de frontière entre plusieurs mondes. En outre, si elle fut, à certains moments de son histoire, identifiée comme l’assise potentielle d’une série de projets agricoles coloniaux génois (Figari, Porto-Vecchio), ces entreprises eurent pour point commun d’avoir toutes plus ou moins échoué. Du point de vue de l’histoire de l’espace, cette situation offre l’avantage d’avoir vu, sur un même lieu et sur le temps long, s’agréger, perdurer, se confronter et s’entremêler des organisations sociales et spatiales d’origines et de logiques diverses. A ce titre, le Fretu a pu être considéré comme une sorte de laboratoire de diversités et d’hybridations spatiales. C’est donc avant tout dans la recherche de nuances et de singularités relatives au contexte rural de l’Extrême-sud de la Corse, mis en contraste avec les développements urbains, agraires et commerciaux de l’Italie centro-méridionale et de la France, ici régulièrement contrariés, que s’est logé l’ambition de ce travail.

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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-03895805 , version 1 (13-12-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03895805 , version 1

Citer

Yannick Campion. Pieve, paese è paisaghju. Une histoire spatiale de la plaine du Fretu et de l’Extrême-Sud de la Corse (XIIIe- XIXe siècles). Histoire. Université Pascal Paoli, 2022. Français. ⟨NNT : 2022CORT0005⟩. ⟨tel-03895805⟩
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