Will Time Disappear? Anaximander’s Thesis on the Duration of the World and the Duration of Things
Le temps va-t-il disparaitre ? La doctrine d’Anaximandre sur la durée du monde et la durée des choses
Résumé
Based on a contextualized reading of fragment DK12B1, this study points out that the cosmology of Anaximander of Miletus was characterized by a model of linear temporality that excludes the idea of the universe being destroyed at some point. If doxography attributes this thesis to Anaximander and deduces that he believed in the existence of an infinity of worlds (successive or coexisting), it is by a misunderstanding of the testimony of Theophrastus, which nowhere claims that for him the whole universe will be destroyed and will go back to the infinite substance. Unlike what some modern interpreters claim, this idea is not expressed in DK12B1 either. Read carefully, this fragment simply states that the generation and corruption of the beings under the heavenly bodies are caused or regulated, directly or indirectly, by the motion of the celestial revolution. Identified with time, this movement is a principle regulating the conflict of opposites and is maintained by the eternal movement of the infinite substance, which excludes the possibility of universal cataclysms. Regarding the permanence of things, Anaximander’s universe is divided into three levels: on the first, embracing everything, there is the primordial substance, infinite and eternal, without origin or end; on the second level, there is what has been generated and is imperishable (the heavenly bodies, recognized as gods); on the third level, there are all the terrestrial beings that are generated and perish. At all levels, the present state of the universe is characterized by a periodic stability and nothing seems to indicate the disturbance of this order.
À partir d’une lecture contextualisée du fragment DK12B1, cette étude montre que la cosmologie d’Anaximandre de Milet était caractérisée par un modèle de temporalité linéaire qui exclut l’idée que l’univers va se détruire un jour. Si la doxographie attribue cette thèse à Anaximandre et en déduit qu’il croyait à l’existence d’une infinité de mondes (successifs ou coexistants), c’est par une mauvaise compréhension du témoignage de Théophraste, qui n’affirme nulle part que chez lui l’univers entier va se détruire et retourner à la substance infinie. Contrairement à ce que prétendent certains interprètes modernes, cette idée n’est pas non plus exprimée dans DK12B1. Lu attentivement, ce fragment exprime simplement que la génération et la corruption des étants sous les enveloppes célestes sont provoquées ou réglées, directement ou indirectement, par le mouvement de la révolution céleste. Identifié au temps, ce mouvement est un principe régulateur du conflit des opposés et est entretenu par le mouvement éternel de la substance infinie, ce qui exclut la possibilité de cataclysmes universels. En ce qui concerne la permanence des choses, l’univers d’Anaximandre se divise en trois niveaux : au premier, embrassant tout, se trouve la substance infinie primordiale, éternelle, sans origine ni fin ; au deuxième niveau se trouve ce qui a été engendré et est impérissable (les astres, reconnus comme des dieux) ; le troisième niveau comprend tous les étants terrestres qui sont engendrés et qui périssent. À tous les niveaux, l’état actuel de l’univers est caractérisé par une stabilité périodique et rien ne semble indiquer la perturbation de cet ordre.
Origine : Version validée par le jury (STAR)